Épisode 18 – Levure de rêve
Vous en rêviez, vous l’attendiez tous depuis l’épisode 7, bien plus que la dernière saison de Game Of Thrones… La bouteille miraculeuse de Vieille Saison Colmant a été analysée au laboratoire de Gembloux !
Je sens qu’on approche au but, doucement mais sûrement.
“Ressusciter une bière du passé”, tel est mon leitmotiv, un véritable hymne qui me colle à la peau depuis bientôt un an, qui me fait vibrer. Dernièrement, je vous ai surtout fait part de mon parcours du combattant, que ce soit pour me former en zythologie ou pour me professionnaliser (et vendre cette bière dans les règles de l’art). J’ai concentré mon énergie là-dessus ces derniers mois, toujours un peu hallucinée par le peu d’ouverture et de ressources mises à disposition des amateurs qui souhaitent aller plus loin dans leur activité de brasserie. Et je pense que vous avez eu votre dose. (Même si ça ne fait que commencer !)
J’avais aussi un peu laissé de côté les articles sur la préparation du brassage de la Saison Colmant « nouvelle génération » car… Cela prend du temps. L’agenda fort chargé de Manu, Antoine et Damien, et ma recherche d’emploi n’ont pas aidé. Rien de passionnant à vous raconter, en somme… Jusqu’à aujourd’hui !
La bouteille a été analysée et… (roulements de tambour)
…
(encore un peu)
…
(suspense suspense)
…
(je sais je suis pénible)
…des cellules de levure ont été détectées.
CHAMPAGNE ! Il faut dire que je n’avais que très peu d’espoir que l’on retrouve quelque chose d’intéressant à part de l’eau, vu l’état de la bouteille (capsule rouillée, plus très hermétique) et les conditions de conservation (perdue dans une cave humide depuis quasi 40 ans). Vous imaginez donc l’état d’excitation ! (Ceux qui m’entourent ont du être saoulés eu la chance de partager cela avec moi !).
Par contre, je ne comprenais pas comment un micro-organisme ait pu survivre si longtemps et comment ils vont faire pour l’extraire. Alors, j’ai voulu faire une petite visite dans les labos pour comprendre un peu tout ça !
J’ai eu la chance de rencontrer le Professeur Franck Delvigne, spécialisé dans les procédés et interactions microbiens. Il m’a expliqué comment il était possible de réactiver une levure « endormie » depuis autant d’années. Et j’ai tout compris !
Nous parlons en effet de « réactiver » une levure, et non de la ressusciter, comme je le disais un peu à tort et à travers auparavant. Car la levure est toujours bien présente dans la bouteille, du moins quelques cellules, mais celles-ci sont restées dans un environnement complexe sans nutriments très longtemps. Il faut donc essayer de les faire réagir et se multiplier, en les boostant un peu. (Leur donner de la bouffe, quoi.) Cela semble pas très compliqué au premier abord (ça marche très bien avec moi !), mais le procédé peut prendre beaucoup de temps (presque 2 mois environ), si la levure est une grosse feignasse et n’a pas envie qu’on la réveille. (Merde, si ça tient de famille, on n’est pas sorti de l’auberge !)
Je vous explique la procédure complète dans l’article suivant, pour les plus curieux d’entre vous 😉
Et au final, tout ça pour quoi ?
Je vous ai plusieurs fois démontré que j’ai une imagination débordante, et j’ai littéralement rêvé de ce moment où on extrait la levure de cette vieille bouteille et que je l’annonce à mon père. Une « nouvelle » levure de Saison en Belgique ! La levure Saison Colmant. Un bel hommage à notre passé, à notre famille.
Brasser une nouvelle Saison Colmant avec la levure d’origine : la boucle sera bouclée, et ce projet si spécial qui me prend aux tripes depuis plus d’un an sera accompli. Un chapitre clos… Mais le sera-t-il ?
Les résultats de cette quête impossible à découvrir en images !
Et qui sait, peut-être aurez-vous l’honneur et la chance de la goûter prochainement…