Chroniques

Épisode 2 – Des mots vieux de 60 ans

Février 2018.

Noël est passé, on retrouvait enfin un rythme normal. Il faut dire que je suis fan de Noël. Que dis-je, fan ? Je suis une hystérique. De fin novembre à mi-janvier retentissent chaque année les chants collectionnés précieusement sur une playlist Spotify. Mais je m’égare…

Temps de lecture estimé : 3 minutes 

Depuis octobre, j’avais brièvement parlé de ce rêve un peu fou auprès de quelques amis amateurs de bières et d’histoires. Brasser à nouveau une bière qui avait disparu depuis plus de 50 ans ? Idée géniale ! Mais il était évident que je n’avais pas les compétences d’un brasseur ni même le savoir : aucune archive que nous possédions alors ne révélait quelconque recette d’une ancienne bière brassée par mon grand-père.

Etait-ce voulu ? Le peu d’écrits que nous retrouvions avec mon père, que j’avais également mis dans la confidence, ne parlaient aucunement de la Brasserie ou des Bières. De l’administratif, des papiers d’identité, des droits de propriété, mais rien sur les brassins d’époque. Je me disais que mon grand-père faisait peut-être partie de ceux qui ne voulaient pas que les écrits restent, qui ne consignaient rien, ne gardaient aucune trace de son travail de peur de ce qu’il pouvait en advenir.

Je restais donc là avec mon rêve et m’avouais vaincue. Je n’avais rien à raconter, rien à explorer, rien à apprendre : l’héritage de la Brasserie Colmant avait disparu à la mort de mon feu grand-père, Pierre Colmant.

Et puis, alors que j’avais mis de côté toutes mes idées, mon père me téléphona : « Hélène, j’ai fouillé dans mes papiers. » (Ah bon ? Mes recherches avaient éveillé sa curiosité ?) « J’ai trouvé un vieux carnet de Papy Pierre, il faut que je te montre. »

J’ai alors entrouvert ce vieux carnet de notes, qui tenait dans le creux de ma main et dont la date était estimée aux années 50, lorsque mon grand-père suivait/terminait ses études de brasseur. J’étais assez émue : il avait une belle écriture, Pierre Colmant, pour des notes griffonnées en vitesse. Je lisais des mots que je ne comprenais alors même pas : « empâtage », « escourgeon », « Hallertau », « céréaline »,… Et toutes ses feuilles de calculs, sans queue ni tête. Pas de recettes, hélas : cela aurait été trop beau. Sûrement de la comptabilité ou de la gestion de stocks. Mais je persistais à vouloir comprendre tout ce charabia.

A peine quelques jours plus tard, Manu me recontactait et me relançait sur notre dernière discussion : avais-je retrouvé les anciennes recettes ? Etais-je toujours intéressée de reproduire « les si bonnes bières qu’ils brassaient à l’époque » ? Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Après autant de mois passés dans l’errance, je récupérais des notes et on me recontactait pour bosser sur un projet de bière en lien avec l’héritage familial. J’étais ULTRA excitée !

J’ai alors commencé l’analyse du carnet, tout en me renseignant également sur les différentes étapes de brassage (afin de récupérer un minimum de vocabulaire). Mon père m’aidait à comprendre le fonctionnement de la Brasserie à l’époque, pourquoi mon grand-père faisait de tels calculs, tandis que Manu se penchait sur les étapes de brassage expliquées brièvement dans les notes, ainsi que les sortes de houblons et de malts détaillés dans les processus.

Mais il manquait beaucoup d’informations pour re-créer une bière : quelle levure utilisaient-ils ? Quelles étaient les quantités et surtout, combien d’hectolitres étaient produits ?
Encore une fois, j’avais l’impression que toute ma motivation m’échappait à nouveau. C’est vraiment compliqué de remuer le passé lorsque cela fait près de 40 ans qu’on n’en a plus parlé…

 

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